11-01-2024 Nouveautés produits exposants

Et si la France réinvestissait le marché de la machine de première transformation ?

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Et si la France réinvestissait le marché de la machine de première transformation ?

Italiens, allemands, autrichiens, les fabricants de machines de première transformation trustent le marché européen, tandis qu’émergent de nouveaux concurrents américains et chinois à l’échelle mondiale.
Pourtant, dans le top 10 des fabricants de machines européens, on trouve une PMI française, Finega. Avec quelles offres, quels éléments de différenciation, quelle philosophie aborde-t-elle son marché ? La fabrication de machines de première transformation pourrait-elle servir l’objectif de réindustrialisation français ? Le point de vue de Michel Loyet, dirigeant de Finega et Président du groupe Bois au sein d’Evolis.

 

Comment vous positionnez-vous sur ce marché très concurrentiel de la machine de 1ere transformation ?

Nous évoluons sur un marché qui est très concentré, avec des acteurs majeurs qui interviennent sur de très grosses unités de fabrication, capables de traiter 2000 à 3000 m3/jour. Leur marché, c’est la production de masse et ils sont particulièrement représentés dans les pays qui disposent d’une ressource aisément mobilisable et très homogène. Mais cela ne couvre pas tous les besoins. D’autant que ces derniers évoluent, dans un contexte qui est lui-même mouvant. Tout d’abord le coût de l’énergie augmente, ensuite la tendance est d’évoluer de plus en plus vers une exploitation de proximité, moins impactante sur l’environnement. Aujourd’hui, les scieurs de taille moyenne, qui ont des capacités de production de 200 à 500 m3/jour, ont besoin d’investir dans des machines fortement automatisées qui leur assurent de la productivité, mais aussi de la flexibilité. C’est ce que nous leur proposons avec notre concept de scierie 4.0 et ses innovations technologiques qui peuvent se plugger sur leur système de fabrication et générer gains de temps et autonomie décisionnelle.

La plus-value technologique est donc, pour vous, un facteur de différenciation ?

Lorsque nous avons intégré au sein du groupe Finega les activités des sociétés GILLET-M1TB, RENNEPONT, MEM, SEGEM, et CIRIS il y a 10 ans, notre stratégie était de proposer aux scieries une solution globale hautement productive couvrant l’ensemble de la première transformation et d’unifier les technologies pour permettre aux machines de communiquer entre elles dans le but d’améliorer la productivité globale des scieries. Aujourd’hui, toutes les machines livrées par Finega dans le monde sont communicantes entre elles, équipées de caméras embarquées connectées en temps réel à notre Data Center via notre plateforme sécurisée OSIA 4.0.

Les milliers de données collectées sur les machines : vibration, température, pression, vitesse, intensité, temps de cycle, production, etc.. constituent un vivier d’informations qui, analysées par des algorithmes d’Intelligence Artificielle permettent d’améliorer la productivité, de réduire les temps d’arrêt, de mieux former ou d’entrainer le personnel ou d’anticiper la maintenance grâce à la prédiction des défaillances.

Une de nos dernières innovations est le contrôle automatique des paquets en sortie de scierie et leur traçabilité par Intelligence Artificielle.
Les colis sont photographiés, contrôlés, codifiés informatiquement, cerclés avec ou sans chevron selon le type de colisage souhaité, étiquetés en automatique avec impression du code-barre et du QR code puis dirigés vers le traitement ou la sortie des paquets clients. Cette innovation représente un gain de temps et de qualité considérable, que nous proposons à des tarifs très compétitifs.

Comment travaillez-vous sur la R&D, sachant que vos moyens sont sans doute beaucoup moins élevés que ceux des grands constructeurs ?

Grâce notamment aux échanges que nous avons au sein du Syndicat professionnel Evolis, qui réunit près de 600 industriels. Pour vous donner un exemple, la solution que nous avons développée pour le traitement automatique des paquets, s’inspire d’une application initialement prévue pour le tri et le calibrage des pommes de terre ! Au sein d’Evolis, le bois est la seule filière disposant d’un groupe de travail dédié et nous cherchons à y attirer des industriels d’autres secteurs, dont les solutions d’intelligence artificielle peuvent s’appliquer à 1ere transformation du bois. Aujourd’hui, nous ne vendons plus de machines, ni des lignes de production, mais des solutions intégrées et évolutives de gestion de la matière bois, qui comprennent le volet mécanique, le volet digitalisation, l’interface homme-machine et la traçabilité. Et notre objectif est de les proposer à des prix abordables pour des scieurs de taille moyenne.

Pensez-vous que le France pourrait retrouver une place plus forte dans le marché de la machine à bois ?

Sans doute pas pour rejoindre le trio de têtes des fabricants de machines de 1ere transformation qui sont configurés pour produire des lignes à la production de masse. Mais les évolutions laissent de la place pour des offres alternatives, plus agiles, mieux adaptées aux conditions d’exploitation locale, moins énergivores et moins onéreuses. D’ailleurs, nous constatons un rééquilibrage de notre CA sur le marché intérieur, depuis le Covid. Les soutiens nationaux à la filière bois sont très positifs et ouvrent de perspectives pour les scieries, qui en ont profité pour investir ces dernières années s’orientant vers des machines digitalisées, communicantes et économes en énergie.
Même si le marché des sciages s’est tendu ces derniers mois, la dynamique reste d’investissement positive.