14-11-2023 Construction et aménagement extérieur

Un cap est en train d’être franchi par la filière bois

Structure de la page
Éditeur de texte

Avec une croissance de 10% de leur chiffre d’affaires en 2022*, les entreprises de la construction bois résistent bien dans un contexte immobilier marqué par son atonie. Le fruit d’une politique d’investissement soutenue pour accélérer l’industrialisation de la filière. Le point avec Pierre-Eddy Sastre, directeur d’investissement pour le Fonds Bois de Bpifrance. 
 

Le premier fonds bois mis en place date maintenant de près de 15 ans. Quel bilan en tirez-vous ? 

 

Il est d’abord important de rappeler que ces dernières années, l’implication de l’Etat dans le soutien de la modernisation de la filière s’est fortement amplifiée avec la mise en place de programmes comme France Relance et France 2030, qui ont apporté un grand appel d’air et ont permis l’émergence de projets d’investissements d’envergure. De notre côté, au sein de Bpifrance, nous avons géré un premier fonds bois qui a investi entre 2009 et 2014 puis un deuxième entre 2014 et 2020. Si le premier était essentiellement dédié au développement industriel de la 1ère transformation, le deuxième fonds a visé l’ensemble de la filière (meuble et agencement, en plus de la 1ère et 2ème transformation du bois). 

 

 

En 2020, un troisième fonds a été lancé avec une taille significativement plus importante, notamment pour répondre aux besoins des entreprises industrielles du bois pour la construction, avec l’objectif de soutenir leur développement et leur productivité. Dans ce cadre, le Fonds prend des participations minoritaires, avec des montants investis compris entre 1 et 10 millions d’euros. Entre 15 et 20 PME et ETI françaises devraient être ainsi accompagnées.  

Le montant total investi par ces trois promotions du fonds bois représente près de 130 M€, mais nos modes d’intervention, avec des prises de participation qui sécurisent le haut de bilan, s’accompagne d’ un effet levier. Dans la 1ere transformation, par exemple, cet effet de levier est de l’ordre de 1 à 10. Autrement dit là où nous investissons 1€ en fonds propres, l’entreprise a la capacité de solliciter plus de financements supplémentaires, jusqu’à 10€ d’emprunts et de subventions pour moderniser son outil de production. Depuis le lancement de ce fonds bois, nous avons accompagné 25 entreprises. 

Considérez-vous que la filière construction bois française est aujourd’hui bien armée pour être compétitive et voir ses parts de marché augmenter significativement ? 

Aujourd’hui, nous sommes dans une crise majeure de la construction et, malgré ce contexte tendu, la construction bois parvient à résister. Il est d’autant plus important que les entrepreneurs soient accompagnés en capital et en conseil dans cette période. 

En effet, les challenges sont devant nous, notamment celui de la Règlementation environnementale 2000 (RE2020). Sur cet aspect, les exigences iront crescendo entre 2025 et 2030 et tout l’enjeu sera de pouvoir répondre qualitativement à la demande. Les positionnements fins selon les marchés visés (résidentiel / tertiaire / ERP / etc.) et les systèmes constructifs sont déterminants mais c’est encore loin d’être évident actuellement. Le bois d’ingénierie et les différents systèmes constructifs, comme par exemple le CLT, le lamellé-collé, l’ossature bois ou le LVL, seront une partie importante de la réponse pour mettre le bon matériau au bon endroit. 

Il est bien difficile de prévoir quelle sera la durée et l’intensité des tensions dans le secteur de la construction mais structurellement le bois sera une réponse majeure au défi de la décarbonation du secteur de la construction.  

Bpifrance, à travers son fonds Bois, continue notamment à accompagner des acteurs de la filière aux projets structurants afin d’être en mesure de répondre à la demande lorsqu’elle augmentera. L’objectif est de permettre l’émergence de nouvelles capacités de production alors que la balance commerciale française reste déficitaire. C’est dans l’ADN de Bpifrance, en tant que Banque du Climat, d’accompagner ce mouvement.  

Les chantiers des JO de Paris 2024 sont une très belle opportunité pour la filière : c’est l’occasion de démontrer les nombreux systèmes constructifs que permet le bois et sa capacité à s’associer au béton ou au métal. Dans ce cadre, entreprises industrielles de la construction bois et promoteurs ont appris à travailler ensemble, dans un temps contraint. C’est une avancée majeure pour la filière, qui augure - nous l’espérons tous - de nombreux projets à l’avenir.  

*Source : enquête nationale de la construction bois 2022